(keona) d'azur et de tes yeux

⟨ HERE SINCE : 30/06/2015

❝d'azur et de tes yeux❞
keona et ajeya

(Elle était arrivée à Hawaï tôt dans la matinée, le corps engourdi d'une sensation aux antipodes même de ce qu'elle était: le vol. Pas désagréable mais extrêmement surprenant, auquel elle préférait largement les récifs de coraux et les poissons colorés, les vagues iodées et l'écume de rage de la mer. Elle logeait dans un hôtel-trop: trop luxueux, trop lumineux, trop hypocrite -trop: elle se perdait et s'emmêlait sans parvenir à reconnaître l'intelligence de la sournoiserie, le ventre tiraillé par une impression de cour royale où ne montrer qu'une image forte et sensuelle. La belle s'était sentie incapable de mentir autant et de rester ici pour se reposer; alors et naturellement, quotidien ordinaire mais de rêve, habituée du bonheur et de la passion qu'elle était, elle avait fait ce qui lui avait semblé le plus normal: prendre sa planche et aller dormir dans une crique, un coin tranquille, ouvert aux songes et à l'imagination onirique, refuge d'un instant. )

Ses yeux-océans s'ouvrirent lentement alors que le délice envahissait son esprit: elle se leva et fit quelques pas pour réveiller ce corps tout juste sauvé du sommeil. Le soleil se tenait bas dans le ciel infini, puissance calme, et elle le salua d'un sourire timide. Sa planche au bras, elle mit les pieds dans l'eau et savoura sa chaleur d'entre-deux (sable et mer). Elle s'enfonça un peu plus dans cette transparence fascinante, découvrant avec émerveillement les plages d'Hawaï; après un moment qui parut interminable, elle se glissa enfin à califourchon sur sa planche et pagaya jusqu'à ce que cela lui semble suffisant. Guetteuse de flots, elle balançait ses jambes d'avant en arrière, ses cheveux volant autour d'elle, emportés par les brises aux souffles de feu.
Rapidement, une vague apparut: elle se retourna et attendit patiemment qu'elle arrive jusqu'à elle: elle se mit souplement debout et le miracle, une fois de plus, se produisit. La liberté et la vie s'emparèrent de ses entrailles, remontèrent des tréfonds de son âme jusqu'à ses lèvres, sans dépasser cette limite. Elle modifia sa position et rentra dans un tube, aussi naturellement que les nuages offrent leurs pleurs à leur mère, terre ou eau, terre et eau, terreau de leurs futurs chagrins.
Un bruit étrange rompit l'enchantement et elle se tourna avec vivacité vers la source sonore: ce manque de concentration la fit chavirer, et la demoiselle tomba dans l'eau avec un amer goût de stupidité sur la langue. Elle remonta et chercha des yeux l'étrange qui lui avait fait perdre l'équilibre. Elle ne trouva, assez proche d'elle pour en être la cause, qu'un jeune homme, aux cheveux longs et beaux, à la peau doré, qui peinait à rejoindre le sable. Elle se précipita aussi vite qu'elle put et, arrivée à sa hauteur, le héla: eh! je... je vous ai entendu... Elle inspira une grande bouffée d'air marin, essouflée, et et reprit, moins sûre d'elle. Est-ce que ça va? Vous avez besoin d'aide?

⟨ HERE SINCE : 24/06/2015

Il est encore tôt quand tu quittes le domicile familial.
Planche sous le bras, tu coures presque jusqu'au sable fin qui te chatouille les orteils. Droit comme un piquet tu observes le soleil à peine levant, ses faibles rayons éclairent l'océan qui prend un teinte orangé. Tu souris, tes cheveux volent au rythme du vent alors que tu attends avec impatience que le monstre se réveille. Rien.
L'océan est impassible. Il n'ondule pas sous ton regard féroce, c'est le contraire. Des vaguelettes minuscule. Un remous ridicule. La déception se lit sur ton visage encore endormi. Alors tu ne perds pas plus de temps, c'est à pieds que tu t'engouffre à travers les rochers, à la recherche d'une petite crique que tu connais comme le recoin de ta poche. L'eau t'arrive mi-mollet et tes mouvements sont limité par la pierre saillante sous tes pieds.
T'as les yeux d'un gamin quand tu atteins ton lieu de prédilection, les arbres ont pris possession de la plage ne laissant qu'une fine barrière de sable entre l'océan et leurs troncs. Le soleil a pris de la hauteur et éclaire la surface -maintenant dorée- de l'eau. Tout tes sens sont en éveil, et l'odeur iodée qui parvient à tes narines te fait lâcher un soupir de bien être. T'es tellement détendu, que tu ne remarques même pas l'étrangère allongée près des feuillages. Tellement pressé, que tu te rue au sein de ta véritable mère, à califourchon sur ta planche, tu pageais jusqu'à en perdre haleine. Te voilà de nouveau en train d'attendre, face à l'horizon et aux vagues grimpantes. Il y en a une qui passe, tu restes immobile. Une deuxième, tu ne bouges toujours pas. Bientôt dix. Ce n'est qu'à la onzième que tu décides à faire demi-tour pour te laisser emporter par les flots. Ce n'est qu'une fois en équilibre sur les eaux que tu prends conscience de ta non-solitude, une jeune femme, blonde. Tu fronces les sourcils, et en oubli de te concentrer l'espace d'une demi-seconde. Seconde suffisante pour te rendre instable comme un débutant. Tu chutes sans réellement t'en rendre compte, le rouleau emportant ce qu'il reste de ton corps frustré. Tu sors la tête de l'eau en râlant. Tu récupères ta planche et boitille jusqu'à la plage, ta jambe ensanglantée. Rien de grave, sans doute du corail ou un tu ne sais quoi qui t'a agrippé lors de ton spectacle misérable. eh! je... je vous ai entendu... Est-ce que ça va? Vous avez besoin d'aide? tu ne prends même pas le temps de regarder la femme que tu sais pourtant à ta hauteur. Tu passes une main dans tes cheveux, prononçant des mots en hawaïen qu'elle ne saurait comprendre. c'est bon. craches-tu mauvais.
Tu jettes ta planche au sol comme le faire un ado capricieux. Avant de la suivre de près et de t'asseoir sur le sable.
comment t'es arrivée jusqu'ici ? t'as la tête baissé sur ta blessure de guerre - de merde. Tu serres les mâchoires. sois convaincante. ajoutes-tu, curieux.

⟨ HERE SINCE : 30/06/2015

❝d'azur et de tes yeux❞
keona et ajeya

elle se laisse tomber souplement de sa planche, plongée dans l'eau jusqu'au bassin, les vagues laissent des traces de sel sur son ventre, sa peau sèche d'enfant du soleil. elle a un mouvement de recul quand il maugrée des mots inconnus encore à ses oreilles pourtant sages de beaucoup de langues, récompense de nombreux voyages, de nombreux cadeaux littéraires, de nombreuses rencontres bouleversantes. elle sent un pincement dans son coeur, rejet, sa pire crainte et sa haine sale; elle secoue doucement la tête pour chasser la tristesse qui cherche à s'immiscer dans ses yeux. il passe la main dans ses cheveux et la noirceur de quelques secondes est balayée: le bel inconnu vient de lui offrir un instant de faiblesse, d'ouverture, une brèche dans cette fausse attitude dont il semble se parer, comme un animal se camoufle ou se montre, terrifié, fier. non, je ne pense pas, vu ta jambe. lui dit-elle gentiment. elle sursaute lorsque sa planche heurte le sable avec un bruit sourd et étouffé, son regard remonte lentement jusqu'à l'homme et elle hausse un sourcil, en essayant de percer ses mystères, cette aura fabriquée, cette voix presque cruelle. elle fait quelques pas, un sourire flotte avec malice sur ses lèvres lorsqu'elle sent sa présence derrière elle. il s'assoit et elle se souvient du petit sac qu'elle a amené en venant. elle va le chercher rapidement et revient s'accroupir à côté de lui. je... je ne sais pas. je n'ai aucune idée de comment je suis arrivée là. elle continua en riant: ne me regarde pas comme ça, c'est vrai! j'ai marché au gré de mes envies à la recherche d'un paradis de quelques heures. c'est tout. je ne t'ai pas suivi, si c'est ce que tu penses. elle sort un foulard de son sac et lui tend avec une grimace désolée: désolée, je n'ai que ça, mais ça arrêtera le sang de couler, au moins. elle s'assoit en tailleur à côté de lui et sent les cheveux du jeune homme sur sa peau. elle le rassure d'un geste de la main: oh, pas de soucis surtout: il fait trop chaud pour porter un foulard et en plus je le trouve laid.
elle ne dit rien un instant, incapable d'imaginer les pensées de cet inconnu sui, malgré les forces qu'il mettait en oeuvre, n'arrivait pas à paraître antipathique à ses yeux. l'inquiétude envahit alors son ventre et elle se tourne vers lui en plongant ses yeux de bleu dans les siens, un peu plus grave cette fois: tu ne veux pas que je regarde ta jambe? si la blessure était profonde, ou que quelque chose était fiché dedans...

⟨ HERE SINCE : 24/06/2015

Qu'est ce qu'elle fou là ?
Qui est-elle ?
Pourquoi ?
Trop de questions qui tournent dans ton cerveau embrumé. Ici, c'est chez toi, personne n'y est invité. Personne, parce que personne ne saurait y parvenir sans se blesser. Alors tu restes pensif, un instant. L'inconnue s'envole, quelques secondes et re-apparaît accroupie devant toi. je... je ne sais pas. je n'ai aucune idée de comment je suis arrivée là. ne me regarde pas comme ça, c'est vrai! j'ai marché au gré de mes envies à la recherche d'un paradis de quelques heures. c'est tout. je ne t'ai pas suivi, si c'est ce que tu penses. tu l'observes un sourcil arqué, elle parle vite, trop vite pour que tu puisses déchiffrer un quelconque mensonge, et puis, pourquoi t'aurait-elle suivi. De son sac elle en sort un foulard qu'elle te tend, espérant que tu arrêtes le saignement.
Tu ne parles pas.
T'es froid comme la glace.
Le soleil n'arrive toujours pas à faire fondre cette façade d'enfant sauvage. Tu appuis avec le tissus, après qu'elle t'ai affirmé qu'il ne lui convenait plus. Une grimace se forme sur ton visage, la douleur n'est pas atroce, seulement surprenante. Tu serres les mâchoires encore. Les yeux bleus de la femme cherchent tes iris noires et les trouvent. Tu ne bouges plus, observant l'océan dansant de son regard. Keona homme faible. u ne veux pas que je regarde ta jambe? si la blessure était profonde, ou que quelque chose était fiché dedans... Ce qui semble être un sourire se dessine sur tes lèvres. Alors que tu appuies comme un barbare sur ta blessure, tu ne peux retenir un :aïe enfantin. Tu souffles bruyamment, la jeune femme attend toujours.
si tu y tiens ... mais, tu fais gaffe. lances-tu froidement de nouveau. Tu lui tends ta jambe comme un sportif attendant son massage, comme si cela t'était du. personne ne sait venir jusqu'ici. tu grimaces de plus belle. quelqu'un t'a emmené ? qui ? tu restes campé sur tes positions, fermé. Tu veux tout savoir, comme tu ne veux rien savoir. C'est à cause d'elle si tu es tombé, c'est à cause d'elle que tu as perdu toute notion de réalité l'espace d'un instant.

⟨ HERE SINCE : 30/06/2015

❝d'azur et de tes yeux❞
keona et ajeya

enfin!
enfin un sourire, enfin une parcelle de vérité, enfin un peu de confiance et d'espoir... enfin un sentiment.
le sourire d'Ajeya s'agrandit et une douceur immense se propage dans son corps. elle le trouve beaucoup moins intimidant avec un sourire aussi beau et destiné à la simple personne qu'elle était. il est l'océan: si dur, si cruel, si violent, si froid, même, et pourtant, à qui le connait et à qui cherche réellement, il offre des visions sublimes de la vie, peut-être ces souvenirs fous dont on se souvient, âgé, en se disant "cette personne-là a changé ma vie". elle n'en doute pas, et sa conviction et son espoir, ses meilleurs alliés, reviennent occuper ses mots, ses gestes.
elle tressaille et se relève à moitié en l'entendant gémir de douleur: elle s'avance pour l'aider mais n'ose pas, gênée, et redescend lentement, tiraillée entre l'envie de l'aider et la peur de le vexer.
elle attends, un digne, n'importe suoi. le bruit de la mer comble leur silence et l'apaise sûrement, lui, le faux distant, le faux froid, le faux fort. la mer vient lécher leurs pieds avec avidité, un désir d'aller plus loin encore, qui rappele à la demoiselle, par une étrange succesion de pensées absolues, qu'elle ne connait pas son nom. elle lui demandera plus tard, puisqu'il vient d'accepter son aide (c'est si dur pour un homme de ne pas nier le fait d'avoir besoin d'aide, alors que c'est si naturel). elle lui sourit pour le rassurer et pose doucement sa main sur sa jambe. elle la tourne légèrement pour pouvoir la voir un peu mieux et le sent se crisper. pardon! je t'ai fait mal? La jeune blonde vérifie encore une fois que la blessure n'est pas trop grave, et ne risque pas (encore) de s'infecter. elle se rassoit et lui dit, comme si elle l'avait toujours su: rien de grave, mais on ferait mieux de t'emmener à l'hôpital plutôt que de rester assis ici.
joignant les actes à la parole, elle se lève et s'étire. elle se concentre à nouveau sur lui et lui demande, curieuse: tu t'appelles..? puis elle se rend compte de son état et s'exclame, désolée: tu peux te lever ou tu as besoin de moi?. redevenu froid et méfiant, il scrute Ajeya et repose ses questions, auxquelles elle ne peut répondre que les mêmes réponses: je te l'ai dit, je suis venue seule, sans trop savoir comment! pourquoi tu refuses de me croire? elle s'abaisse à sa hauteur et chuchote presque sa dernière phrase, triste de se comportement fermé, elle qui aurait été si heureuse de découvrir ce prince des flots: c'est si dur que ça de faire confiance?

⟨ HERE SINCE : 24/06/2015

La jeune femme s'empare de ta jambe, tu la regardes faire alors qu'elle la tourne et la re-tourne, à la recherche d'un fragment ou un je ne sais quoi. D'un signe de tête tu lui réponds, que non, elle ne t'a pas fait mal. Elle reprends la parole, t'imposant presque d'aller à l'hôpital. Un rire s'échappe de ta bouche.
Alors qu'elle es debout tu restes assis à ta place, tu n'as pas envie de te lever, si le cœur lui dit de partir qu'elle le fasse. Tu n'en seras que plus heureux, pourtant une partie de toi joue les curieuses. j'veux pas perdre de temps à l’hôpital. j'ai connu pire. tu affirmes. Et c'est le cas. Même en cas de prétendue commotion, tu ne pointais pas le bout de ton nez chez les mecs en uniforme blanc. L'inconnue finie par répondre à tes question - pas trop tôt. Tu l'observes, féroce. pourquoi devrais-je te faire confiance ? demandes-tu d'un ton sévère. Tu te fermes à nouveau, tu préfères regarder l'horizon, ne plus la regarder elle. T'imaginer cette vague qu'elle vient de te faire rater, imaginer ce que tu aurais ressentis. Et aussitôt l'envie d'y retourner, coûte que coûte.
keona. c'est mon nom. que tu saches à qui tu viens de faire rater un bel exploit. lances-tu sur un ton un peu plus sympathique. Un sourire espiègle au coin des lèvres. tu ne saurais pas revenir ici, même si tu le voulais. tu as eu de la chance. de la chance d'y être tombé par hasard. De la chance de t'y avoir croisé, n'est ce pas.

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