voyeur

niko c'est l'un de ces enfants qui portent le nom de leur mère parce que le père il n'existe pas. mais il peut pas lui en vouloir, parce que les erreurs ça arrive, et puis niko non plus il n'est pas très doué pour faire face à ses problèmes.
niko il n'aimait pas la rue. au début, c'était un échappatoire. les rues trop larges, trop fortes, bondée de gens avec leur vie à eux. mais c'était toujours mieux que de rentrer à la maison et de retrouver maman les yeux rivés devant la télé.
une fin après-midi il sillonait les rues sur son vélo, et l'ombre est apparue.
c'est parce que le soleil commençait à se coucher, éclaboussant le sol d'orange, l'astre brûlant qui peinture dans chute en bas de l'horizon. pour niko, ça remplaçait la voix de sa mère qui lui criait de rentrer à la maison. sa mère ne s'en rendait pas compte quand il rentrait ou il sortait. mais le soleil lui, il s'en préoccupait, niko avait confiance en lui. mais un jour, les dalles du trottoir ne se sont pas coloriées de feu. une longue tache noire s'étirait et elle filait à toute allure. il a roulé derrière elle, sous la lumière froide des lampadaires, il a redécouvert la ville, habillée de néons. il a découvert cette bande d'ombres, qui se fondaient dans la nuit puis qui brillaient dans le parc, avec leurs planches sous leurs pieds. il s'est approché.
l'ombre est revenue le visiter plusieurs fois. niko a fini par rejoindre les ombres, lui aussi. ces ombres qui lui ont fait comprendre ce que ça voulait dire, aller comme sur des roulettes.
il parait qu'il est doué. les gens venaient le regarder, et ça lui faisait plaisir. une reconnaissance de son existence. il n'a plus lâché sa planche depuis, niko.
niko, il sait que les murs de la maison ne seront jamais tapissés de diplômes, ils ne l'ont jamais été. des bulletins jamais ouverts qui s'accumulent dans le fond de son sac à dos. un bac qui n'a jamais été passé. niko, c'est une succession de jamais. et maintenant, il a finalement le droit à un peut-être. peut-être qu'un avenir l'attend de l'autre côté de l'océan. il roule sans repères. niko, il est retombé en amour avec les rues grises des grandes villes.