même la vie nous tient à bout de bras.

tu, c'est personne. c'est juste marja. t'es pas très jolie, pas très grande, puis avec un cœur gros comme ça. qu'on piétine, qu'on piétine. tu, c'est une inconnue. t'as essayé, pourtant, d'y mettre un nom, d'y mettre une voix. t'es pas extraordinaire, c’est pour ça que des fois, tu t'oublies. t'es dans une pièce à rêvasser et même les autres cessent de voir que t'es toujours là. et ils t'enferment. ils te cadenassent. tu t'y perds. t'as essayé d'être là. plusieurs fois. mais le même résultats. à chaque fois.

tu, ça vient de suède. d'un petit village enfoncé dans la nature. tu, c'est un accent disgracieux, c'est des mots douloureux, c'est pas une vie compliquée, c'est pas une vie facile. tu, c'est juste une voleuse d'ombres. t'es là et tu te caches. t'es pire que pan, toi, parce que t'as pas ta propre ombre. puis même si c'était le cas, y'aurait personne pour te la recoudre.

tu, c'est une môme sur un skate. qui vole, qui vole. tu, c'est un visage. pas maquillé, les cheveux bruns, la peau blanche. tu, c'est l'air lointain des jours sans fin. tu, c'est un corps sur une planche à roulettes qui espère devenir quelqu'un sans trop savoir comment. c'est une môme qui a commencé dans son jardin, qu'en est pas souvent sortie. parce que tu, c'est timide, ça ose pas. ça supporte pas les jugements, ça se juge tout seul, alors tu, c'est surtout cette voix sans âme qui répète que t'es pas assez bien pour ça.

tu, c'est une fille qui mérite la vie. pâle et blême, d'accord, mais qui vaut mieux que tout ça. tu, c'est autre chose. c'est les graviers, le macadam, les soirées alcoolisées, les amis, tu, c'est la voleuse d'ombre.
qui dévore tout sur son passage.