bang bang.

réfléchis putain. arrête-toi. tu vas trop vite, tu fonces dans le mur. tu dévales ta vie, tu t'écorches les genoux, le coeur à force de te heurter à cette putain de réalité. t'es qu'une clope parmi tant d'autres. une cigarette cheap, t'as même pas de filtre, bonne à rien sauf peut-être à tuer. t'es consumée, en feu, en feu, en feu.
"woah woah woah... tu te prends pour qui? hein jade? tu t'crois supérieur à tout ça pas vrai? t'es mieux que nous c'est ça? tu dirigeais peut-être ta vie mais ça, c'est du passé. t'as perdu le contrôle ma grande, t'as tout bousillé, comme tu sais si bien le faire. tu te fous de moi? ça te fait rire?  mais t'es qui jade? t'es qui putain? tu te caches sous toute cette merde, sous tes airs de petite conne, tu te crois supérieure c'est ça? mais t'es pourrie ma belle, t'es plus qu'un beau bordel ma grande. un beau bordel qui tombe en ruine. et le pire c'est que tu ne t'en rends même pas compte... tu me tues jade, t'entends? c'est toi, ta seule ennemie, quand est-ce que tu vas comprendre? arrête de sourire bordel... nan, casse-toi, CASSE-TOI PUTAIN! J'VEUX PLUS JAMAIS VOIR TA SALE GUEULE, CASSE-TOI,DEGAG-"
et le rossignol au loin s'est mis à chanter. une de perdue, dix de retrouvée. persuasion, désillusion.
jade, c'est doux, léger, ça vole au-dessus des nuages. un parfum d'ailleurs, un zeste de noirceur. ça se laisse bercer par le vent. mais c'est rien de plus qu'une illusion, un brin d'innocence dans une tornade d'acide. jade, ça se heurte à son image aux saveurs d'encre et de plomb. jade, le nord qui vire sud, jade, la lune qui flirte avec le jour. jade, l'hiver qui dégage l'été, jade l'impossible, jade la contradiction.

au départ, c'était simple. elle, la vulnérable, le livre ouvert. à fleur de peau. ça a commencé à washington, une gosse de dix-neuf ans, un océan d'espoir au bout des lèvres, la rage de réussir au fond du regard. ça a débuté par une simple salle glauque au fond d'une allée morbide et ça s'est terminé par les endroits huppés, les invitations et l'admiration. des débuts difficiles aux arrières goûts amers. et puis ce doute qui lui bouffait les tripes, qui restait là, toujours, constant, "est-ce que j'y arriverai?" "est-ce que ça va marcher?". étonnamment, les bouts de bois, les morceaux d'espoirs ont fini par s'embrasser. son nom a fini par émerger des profondeurs de cet océan de requins, tous plus affamés de gloire les uns que les autres. les sponsors ont fini par se manifester et sa vanité a commencé à enfler. c'était jamais suffisant, elle voulait toujours plus, plus, plus.

et maintenant, bienvenue en enfer. d'apparence, c'est le cliché, la belle gueule, les belles paroles, le bon coup de poignet. celle qui chope les meufs comme le feu ensorcelle les pyromanes. celle qui parade au bras de richards dont elle connaît à peine le nom, juste pour la forme, juste pour qu'on parle d'elle. la nana qui a force de se bourrer la gueule à coup de champagne doré s'retrouve probablement avec un milligramme d'or dans le sang. elle a légèrement pris la grosse tête au fil des années, elle pense trop gros, elle a trop confiance en elle et tout est en train de lui retomber sur la gueule. elle, croule sous les échecs, ses sponsors s'envolent aussi vite que les braises du feu de la gloire disparaissent dans la grotte de l'oubli. elle camoufle ses peurs, son côté plus doux, bourré d'incertitudes et de complexes, sous tous ces tatouages et ce smirk à la con. elle court à sa perte, mais elle est trop fière que pour faire marche arrière. elle devient cette salope imbuvable qui irriterait le plus grand des connards. un beau gros bordel.

elle avait tout. et maintenant, jade, et maintenant quoi?