bleu sous-marin
⟨ les vagues m'entraînent dans le tsunami des sentiments ⟩
" Souvent je me demande pourquoi je retourne te voir
Quand dans tes fréquentes ivresses,
De tout ton corps tu te dresses,
T’effondrant tu me ramènes à cette immensité noire. "
la vague m'emporte loin des hommes qui disent que je ne suis pas assez téméraire pour faire du surf. je glisse sur leur mensonge et leur paternalisme doré qui empêcherait une sirène d'aller surfer. ils me disent que la vague me briserait en deux et m'enverrai directement au large sans que je puisse nager jusqu'au bord. moi, je lance ma planche dans l'eau contre vent et marée. j'y vais même les jours de tsunami. j'ai pas peur de la mer et de ses humeurs. j'y trouve dans le rouleau de la vague la chaleur du ventre de ma mère. l'océan est le liquide amniotique dont j'ai oublié le souvenir. la mer assure cette sécurité dont j'ai manqué toute mon enfance, étant orpheline de naissance.
je me sens plus à la maison dans le royaume des poissons, et même si le récif m'écorche les genoux, et que lorsque je tombe, l'eau me donne une claque, je suis toujours plus en sécurité dans l'océan que sur terre. là-bas, il y a des gens qui veulent faire de moi la femme de quelqu'un ou la femme du trottoir. à ces gens-là, je leur montre le doigt. et s'ils veulent m'attraper, je file à toute vitesse sur ma planche usée.
debout sur ce bout de bois, je ressens la liberté.
un jour nati m'a dit "personne ne sait dompter les chevaux de l'océan mieux que toi."
mais moi, j'en suis pas si sûr, moi ce que je préfère dans les vagues,
c'est de surfer avec le danger,
d'être au bord du gouffre.